
Tu m’as appris (Kathy – Brussels- 14 September 2025)
Tu m’as appris à marcher droite et déterminée
Tu m’as appris à faire du vélo sans petites roues
Tu m’as appris à choisir
Tu m’as appris à cuisiner
Tu m’as appris à goûter chaque ingrédient
Tu m’as appris à croquer chaque instant
Tu m’as appris à préférer le San Daniele à tout autre Parme
Tu m’as appris à pouvoir refaire sans recette un plat dégusté ailleurs
Tu m’as appris à distinguer un bon cramique d’un cramique de merde
Idem pour le craquelin
Idem pour les boudins
Tu m’as appris à riposter
Tu m’as appris à ne jamais se comparer
Ni à envier
Ni à critiquer
Pas pour la morale, ni pour la galerie, ni pour l’église
Mais pour en faire à sa guise
Tu m’as appris la liberté
Tu m’as appris à aller sans peur
A voyager sans craindre les dangers
A aller, le nez au vent, les yeux écarquillés, joyeuse
Genre Fifi Brindacier
Tu m’as appris John Wayne
Tu m’as appris les plaines
Tu m’as appris à rêver
De grands espaces
D’horizons illimités
De chevaux sauvages
De chiens sans laisse
Tu m’as appris à m’en foutre
Tu fredonnais Chevalier
Maurice qui chante que dans la vie faut pas s’en faire
Tu m’as appris à me méfier des cons
A leur montrer mon cul
A les flairer et à leur hurler du Brel à la tronche
Les Bourgeois c’est comme les cochons
Plus ça devient vieux
Plus ça devient bête
Tu m’as appris le Brusseleir
Tu m’as appris La Clef d’Or et den Aave Met
Les pistolets au haché
Avec une soupe à l’oignon
Tu m’as appris qu’être soi-même
C’était tout ce qui importait
Tu m’as appris l’indépendance
Tu m’as appris l’argent
Sans jugement
Et toujours en plaisantant
Sans tabou, sans jaloux, sans remous
Tu m’as appris à faire des blagues
Tu m’as appris à jurer
Tu m’as appris la grossièreté
Sans m’en excuser
Tu m’as appris à ouvrir ma gueule
Tu m’as appris à dresser les chiens
Tu m’as appris à ne pas entrer dans le moule
Le comble pour un pâtissier
Tu m’as appris à me débrouiller
Tu m’as appris à ne dépendre de personne
Tu m’as appris la générosité
Sans calcul, juste un acte spontané
Tu m’as appris Sinatra, les Beatles et Elvis
Tu m’as appris à m’émerveiller
Et à écouter les oiseaux
Tu m’as appris le cinéma
Les Gabin, Schneider, Signoret, Poitier, Douglas, Dean, Noiret
Et toi aussi tu aurais aimé vivre comme Alexandre le Bienheureux
Et toi aussi tu disais “Tu m’emmerdes”
Mais, voilà pile poile sept ans, à 8 heures du matin, le 14 septembre 2018
Que t’es parti
Et tu m’as pas appris
Comment fallait faire
Pour vivre sans Papa.
