Texts,  Uncategorized

Papa ( Kathy – Alappuzha – 29 Jan. 24)

Jean Van der Elst est né le 29 janvier 1937. J’ai sans doute été son cadeau d’anniversaire le plus particulier en naissant le 22 janvier 1964, une semaine avant le sien.

Mon papa adoré, il sentait le pain chaud, la tarte au riz pleine de vraie vanille, le jambon de Parme et le Parmesan.

Très jeune, il a pratiqué le plus beau et le plus dur métier du monde. Ce sont ses dires.

A 10 ans il était déjà apprenti boulanger-pâtissier-confiseur. Il avait un tout petit coeur et une assez grande gueule. Et des mains énormes qui pétrissaient la pâte comme si Gargantua en personne était tombé dans l’atelier.

Il connaissait toutes les boulangeries de Bruxelles. En voiture, il me disait souvent ‘Ziede doe, Kathyke? Doe hebbe ik nog gewerkt’ “Tu vois là, Kathyke? Là j’ai encore travaillé”. Il avait, je crois, travaillé dans tous les pétrins bruxellois. Il ne savait pas la fermer et, du coup, on lui désignait la porte. Mais il était tellement doué et travailleur, que deux heures après, il avait un nouveau job. Ou deux nouveaux jobs.

Deux? Oui, pour faire fortune (sic) et pour fonder une famille, lui qui n’avait rien reçu, il prenait, comme ma maman, deux boulots. Entre les deux, il allait dans les nombreux cinémas bruxellois. Ou “Au Variété”, rue de Malines dans le centre de Bruxelles. Là où il a rencontré Godelieve, ma maman, qui dansait le rock et le twist comme une déesse. Lui, grand, élégant, cheveux noirs et Vespa. Elle, menue, cheveux blond vénitien, yeux bleu acier et terriblement autonome. Deux insoumis, courageux, travailleurs et solidaires.

Ils ne m’ont jamais chanté de berceuse, mais Elvis, Sinatra, Roy Orbinson, Johnny ou Petula Clark s’en chargeaient. Ils ne m’ont jamais lu d’histoire mais je connais tous les films et acteurs des années 60 et 70. Mon Papa était incollable! Le samedi soir, je le passais avec John Wayne dans le Far West. Et le dimanche je chantais Only You avec ma Maman, sa “Chouke”.

Un beau jour, après s’être fait renvoyer pour la énième fois, il est parti avec deux fers à gaufres avant de prendre la porte chez Ribert. Puis, une idée lui a traversé l’esprit. New York! L’Expo Universelle de NY! Vendre des gaufres belges là-bas. Yes, no, one waffle, one dollar et deux gaufriers. Ça devrait suffire pour réussir.

Je m’appelle Kathy, Marylene, Marcelle. Les deux premiers prénoms sont made in the USA. Le troisième est celui de feu mon Parrain, Marcel.

Il est venu avec un énorme ours en peluche pour moi, des poupées de Sioux, des rêves plein la tête et des dollars. Assez pour lancer un commerce avec ma maman. Il avait un appartement à Flushing Meadow. Elle avait peur de l’avion. Elle a emporté la partie. Lui, n’a jamais arrêté de rêver de chevaux libres courant dans les plaines aux États Unis.

Il osait tout, prenait tous les risques, libre comme le vent, indomptable et acharné.

Le Traiteur Van der Elst était une mine d’or. Tout le monde était aux fourneaux. Il nous cuisait des énormes cramiques et des craquelins au beurre bourré de sucre perlé. Ou des tartes au riz moelleuses. Ou des pizzas toutes fines. Ou des poulets rôtis croustillants…

Mon Papa était aussi un des meilleurs dresseurs de bergers malinois. Plein de fois champion avec mon chien favori, Micky. Appelé par la police montée du Canada. Il est resté près de nous, avec ses chiens sacrés.

Il était brut, souvent grossier, nonchalant et pas tout à fait fini et il a été le plus merveilleux grand-père du monde pour Milan. Toujours présent et disponible. Il l’adorait au-delà de tout. Ils s’adoraient à en faire fondre toutes les neiges de l’Himalaya.

Il vit dans nos coeurs mais a quitté cette terre le 14 septembre 2018. Il nous manque horriblement.

Bon anniversaire, mon Papa.

Jean Van der Elst was born on January 29, 1937. I probably gave him the quirkiest birthday present by arriving on January 22, 1964, just a week before his big day.

My dear dad exuded the scents of warm bread, vanilla-filled rice tart, Parma ham, and Parmesan.

From a tender age, he embraced what he considered the most beautiful and challenging job in the world. At the age of 10, he was already a budding baker and pastry chef, with a small heart, a loud voice, and enormous hands that kneaded dough as if he had Gargantua’s touch.

He was familiar with every bakery in Brussels. Driving around, he’d often say, ‘See that, Kathyke? I worked there.’ I think he worked in every bakery in Brussels. Unable to keep quiet, he’d get shown the door, but his talent and hard work ensured he had a new job or two just a couple of hours later.

Two jobs? Yes, to make a ‘fortune’ (sic) and to raise a family, despite starting from scratch. He, like my mom, juggled two jobs. Between shifts, he explored the many cinemas of Brussels or visited “Au Variété” on Malines Street in central Brussels, where he met Godelieve, my mom—a rock and twist dance goddess. He, tall, elegant, with black hair and a Vespa; she, petite, with Venetian blond hair, steel-blue eyes, and fiercely independent. Two rebels, courageous, hardworking, and supportive.

They never sang lullabies, but Elvis, Sinatra, Roy Orbison, Johnny, or Petula Clark filled the air. Storytime involved films and actors from the ’60s and ’70s. My dad was a walking film encyclopedia! Saturdays were spent with John Wayne in the Wild West, and Sundays meant singing “Only You” with my mom, his “Chouke.”

After being fired countless times, he left with two waffle irons before getting kicked out of Ribert’s. Then, the idea struck him—New York! The Universal Expo in NY! Selling Belgian waffles there. Yes, no, one waffle, one dollar, and two waffle irons. That should be enough to make it.

My name is Kathy, Marylene, Marcelle. The first two names are straight from the USA. The third is in memory of my godfather, Marcel.

He arrived with a huge teddy bear for me, Sioux dolls, dreams, and dollars. Enough to start a business with my mom. He had an apartment in Flushing Meadow. She was afraid of flying. She prevailed. He never stopped dreaming of free horses running in the plains of the United States.

He dared everything, took risks, was free as the wind, untamable, and relentless.

Van der Elst Catering turned into a goldmine. Everyone was in the kitchen. He baked enormous cramiques and crackers with butter stuffed with pearl sugar, soft rice pies, thin pizzas, crispy roast chickens, just for us…

Dad was also a top trainer of Belgian Malinois shepherds. Many times a champion with my favorite dog, Micky, and even called upon by the Mounted Police of Canada. He stayed close to us, with his sacred dogs.

Rough, coarse, nonchalant, and not entirely refined, he was the most wonderful grandfather in the world for Milan. Always present and available. They adored each other, enough to melt all the snows of the Himalayas.

He lives in our hearts but left this earth on September 14, 2018. We miss him terribly.

Happy birthday, Sweet Daddy.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *