The Shaktipunj Express 1st part (Kathy-Jabalpur- Dec. 23)
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Howrah Junction, Kolkata. It’s noon, and I made it on time to avoid stressing in the hustle and bustle of one of the country’s busiest stations.
Indian Railways is one of the world’s largest railway networks, playing a crucial role in transporting millions of passengers and tons of goods daily. The railway system in India is known for its extensive network, covering remote and urban areas. It seems to be the cheapest in the world as well.
Indian trains offer different travel classes, from sleepers where passengers are packed like cattle to air-conditioned classes like 1AC, 2AC, and 3AC.
The Shaktipunj Express now has 22 wagons. You can’t see the beginning nor the end of the train.
A Sleeper wagon usually accommodates 80 passengers, 3AC accommodates 72 with three stacked berths, 2AC accommodates 52 with two stacked berths, and 1AC accommodates 28 with closed compartments of 4 berths.
That’s over 1200 passengers at the very least.
I’m relieved to learn that we’re on a modern train that leans to the side in case of a derailment rather than accordioning with the other wagons! 😉
A train journey here is the start of a fabulous adventure. In its own way, this initially planned 25-hour journey turned out to be quite memorable.
In a station teeming with millions of passengers every day, the station master himself, appearing out of nowhere, escorts me to my compartment. Fifteen minutes later, we reach the front of the train, and when I warmly thank him, he responds, “Please, be my guest. It’s my duty, Madam.”
Yet another of the daily miracles in Incredible India.
Life here is all about that, enormous contrasts; it’s not even Yin and Yang anymore, it’s Bing, Bang, and Boom!
Just when you’ve had enough of the incessant noise and the polluted air that could knock out an asthmatic, someone greets you with a smile as big as that and welcomes you, auntie, didi, mama, mum, madam (cross out the unnecessary ones) with unsettling sincerity in a country with nearly one and a half billion people.
1:10 PM: The train departing from Kolkata, West Bengal, to Jabalpur, in Madhya Pradesh, starts on time. In each berth of the air-conditioned classes, neatly wrapped in brown paper, are two clean sheets, a pillowcase, a pillow, a small towel, and a woolen blanket. AC must stand for “Assez Con” (French for “pretty stupid”) to travel in a real refrigerator.
2:40 PM: A meal attendant walks the corridors, taking orders for “late lunches veg. or non-veg” that will reach us around 4 PM. There’s no restaurant car. So, you might wonder how hot meals can be served?
At the Tundla station near Agra, I witnessed the preparation of these thousands of thalis, compartmentalized meal trays filled with goodies like rice, chapatis, vegetables, dhal (lentils), sambar (a highly flavored soup), chutney, raw vegetables, and a sweet treat to finish.
First stage: In a platform kitchen, a dozen men are busy cutting vegetables, cooking rice, simmering dhal, roasting chapatis, stacking thalis, sautéing vegetables, and sealing the trays.
Second stage: Meanwhile, somewhere on a train not in this station, the attendant takes orders throughout the train and notes them on a small piece of paper with your seat number. Remember, there are a thousand passengers, huh?
Third stage: When train X arrives at station Y, the meals are loaded.
Fourth stage: Another employee shows up at your berth and serves you exactly what you had salivated for!
I told you, it’s the land of miracles!
Oh yes, meal price: €1.60 or more precisely 150 rupees.
Then come the tea sellers, black tea, masala tea, chai, chai, chai, coffee, water, paani, paani, paani, book vendors, dried fruit vendors, newspapers, shoe polishers, cleaners, passengers looking for their seats, helpful ticket checkers, crying babies, imposing phones.
In short, impossible to get bored, die of thirst, or hunger… Well, normally!
5:30 PM: Same routine for the evening service. Okay, I’m satisfied now.
6:30 PM: Well, how about stretching my legs on the platform while the train is stopped?
6:40 PM: I’m the only white woman, alone moreover, and the only men present devour me without restraint. I hide behind my curtain and don’t feel at ease. I later learn, through the mouths of other Indians, that Bihar, which we’re crossing, is the worst state in terms of security.
8:00 PM: Phew, a family with two children first evicts the intruders on their berths. We greet each other, get to know each other a bit, exchange. They ask me where my husband is. At the other end of the line, sir. Then, they ask me if I’ve eaten. A classic question in India.
8:30 PM: My curtain opens abruptly, the man sticks his head in and says, “You like Indian food? Eat!”. And this young family shares their meal with me, like a sudden guest in their lifes.
9:00 PM: They put the children to bed with a lot of love.
9:30 PM: The lights go out, bedtime for everyone. The young dad opens my curtain again and says, “Now, sleep!”. Yes, daddy.
9:45 PM: I’m getting used to his surprise visits. He comes back with homemade biscuits for me tomorrow morning: “You should eat!”
The train doesn’t stop its monotonous dance except at the multiple stations where hordes of travelers trot like mules.
All night, we traverse shadows of strange landscapes that I can’t identify…
Howrah Junction, Kolkata. Il est midi, je suis arrivée à temps pour ne pas stresser dans la cohue de l’une des gares les plus fréquentées du pays.
Les chemins de fer indiens constituent l’un des plus grands réseaux ferroviaires du monde. Ils jouent un rôle crucial dans le transport quotidien de millions de passagers et de tonnes de marchandises. Le système ferroviaire en Inde est connu pour son réseau étendu, couvrant des zones éloignées et urbaines. Il semblerait que ce soit aussi le moins cher du monde.
Les trains indiens offrent différentes classes de voyage, allant des sleepers où les voyageurs sont entassés comme du bétail et la classe couchette aux classes climatisées ,1AC, 2AC et 3AC.
Le Shaktipunj Express comporte aujourd’hui 22 wagons. Tu n’en vois ni la tête, ni la queue.
Un wagon Sleeper accueille normalement 80 voyageurs, un 3AC, 72 avec trois couchettes superposées, le 2AC, 52 avec deux couchettes superposées et le 1AC, 28 avec des compartiments fermés de 4 couchettes.
Cela fait plus de 1200 voyageurs au bas mot.
Je suis rassurée d’apprendre que nous sommes à bord d’un train moderne qui se penche sur le côté s’il déraille plutôt que de “s’accordéonner” avec les autres wagons! 😉
Un voyage en train, ici, c’est le début d’une fabuleuse aventure.
Dans son genre, ce trajet de 25 heures prévues au départ en fut une assez mémorable.
Dans une gare fourmillant de millions de voyageurs chaque jour, le chef de gare en personne, qui sort de je ne sais où, m’escorte jusqu’à mon compartiment. Quinze minutes plus tard, nous parvenons en tête de train et, quand je le remercie chaleureusement il me répond: “ Please, be my guest. It’s my duty, Madam”.
Voilà encore un des petits miracles quotidiens in the Incredible India. La vie ici, c’est tout ça, des contrastes énormes; ce n’est même plus du Yin et du Yang, c’est du Bing, du Bang et du Boum!
Au moment où tu en as plein les bottes du vacarme incessant et de l’air pollué à faire tomber raide mort un asthmatique, quelqu’un te salue avec un sourire grand comme ça et te souhaite la bienvenue auntie, didi, mama, mum, madam (biffez la mention inutile), avec une sincérité troublante dans un pays de près d’un milliard et demi d’habitants.
13h10’: le train qui part de Kolkata, West Bengal, pour Jabalpur, dans le Madhya Pradesh, démarre à l’heure. Sur chaque couchette des classes climatisées, emballés dans du papier brun, sont déposés deux draps propres, une taie d’oreiller, un oreiller, une petite serviette de toilette et une couverture de laine. Faut dire qu’AC veut dire Assez Con pour voyager dans un véritable frigidaire.
14h40’: un préposé des repas arpente les couloirs pour prendre les commandes pour des “late lunches veg. or non-veg” qui nous parviendraient vers 16 heures. Il n’y a pas de wagon-restaurant. Alors, tu te demandes peut-être comment des repas chauds peuvent être servis?
A la gare de Tundla, près d’Agra, j’ai assisté à la préparation de ces milliers de thalis, des plateaux repas à petits compartiments, remplis de bonnes choses comme du riz, des chapatis, des légumes, du dhal (des lentilles), du sambar (une sorte de soupe hyper parfumée), du chutney, des crudités et une petite douceur pour terminer.
Première étape connue: Dans une cuisine à quai une douzaine d’hommes d’hommes s’affairent à couper les légumes, cuire le riz, faire mijoter le dhal, rôtir les chapatis, empiler les thalis, sauter les légumes et sceller les plateaux.
Deuxième étape: Pendant ce temps, quelque part dans un train qui n’est pas dans cette gare, le préposé prend les commandes dans tout le train et les note sur un petit bout de papier avec ton numéro de place. Tu te souviens qu’il y a un millier de voyageurs, hein?
Troisième étape: Quand le train X arrive dans la gare Y, les repas sont embarqués.
Quatrième étape: Un autre employé se pointe à ta couchette et te sert pile poile ce pour quoi tu avais salivé!
Je te le disais, c’est le pays des miracles!
Ah oui, prix du repas: 1,60€ ou plus précisément 150 roupies.
Suivent les marchands de thé noir, de thé masala, tchaï, tchaï, tchaï, de café, d’eau paani, paani, paani, de livres, de fruits secs, de journaux, les cireurs de chaussures, les nettoyeurs, les voyageurs qui cherchent leur place, les contrôleurs qui aident, les bébés qui pleurent, les téléphones qui s’imposent.
Bref, impossible de s’ennuyer, de mourir de soif ou de faim…. Enfin, normalement!
17h30’: rebelotte pour le service du soir. C’est bon là, je suis repue.
18h30’: Tiens, si je me dérouillais un peu les guiboles sur le quai pendant que le train est à l’arrêt?
18h40’: Je suis l’unique femme blanche, seule de surcroît, et les seuls homme présents me dévorent sans retenue. Je me cache derrière mon rideau et n’en mène pas large. J’apprends ensuite, par la bouche d’autres indiens, que le Bihar, que nous traversons, est le pire état en matière de sécurité.
20h00: Ouf, une famille avec deux enfants expulsent d’abord les intrus installés sur leurs couchettes. On se salue, on s’apprivoise un peu, on échange. Ils me demandent où est mon mari. Au bout du fil, monsieur. Puis, ils me demandent si j’ai déjà mangé. Question classique en Inde.
20h30’: Mon rideau s’ouvre brusquement, l’homme passe la tête et me lance: “ You like Indian food? Eat!”. Et, cette jeune famille partage son repas avec moi, comme une invitée soudaine dans leur vie.
21h00’: Ils couchent les enfants avec beaucoup d’amour.
21h30’: Les lumières s’éteignent, l’heure du coucher général sonne. Le jeune père, rouvre mon rideau et me dit: “ Now, sleep!”. Oui, papa.
21h45’: Je commence à m’habituer à ses visites surprises. Il revient avec des biscuits faits maison, pour moi demain matin: “You should eat!”
Le train ne s’arrête de danser de façon monotone qu’aux multiples gares où trottinent des hordes de voyageurs chargés comme des mulets.
Toute la nuit, nous traversons des ombres de paysages étranges que je n’arrive pas à identifier….
4 Comments
Céline
Super tes descriptions.
J’adore. Je me remémore les différents voyages en train fait en Inde 😉
J’avais voyagée seule sur une autre ligne avec ma guitare dans le wagon famille. Heureusement qu’il y a des wagons telquel ;-). Ce n’étais pas la première classe, mais ce fut très sympa.
Merci pour ton partage!
Big bisous!
Céline
Kathy Van der Elst
Salut Céline, et oui, ils sont inoubliables ces voyages en train! Je te vois déjà rien qu’en te lisant aussi. Merci de me “suivre”, cela me fait très plaisir. Cela donne un sens à ce que je fais. Joyeuse Saint-Nicolas demain!
PS: ce soir, je t’enmène pour la seconde partie du trip. Ready?
Nathalie Heintz
Merci pour avoir clarifié ces appellations des prestations sur les chemins de fer indiens qui m’étaieront toujours apparues comme nébuleuses, au point de le décourager a les emprunter. Les temps souvent longs des parcours favorisent à bord l’instauration de micro-sociétés éphémères, plus si affinités 😊c est heureux
Kathy Van der Elst
Oui, bien vu. Après un petit moment à se dompter, dès que tu partages un truc, un sourire, quelques biscuits, du thé, hops c’est parti! Et c’est vraiment chouette et rigolo souvent. Re-merci, Nathalie. Je pense à toi,