Coup de foudre à Bhopal- Love at first sight (Kathy- Bhopal- Dec. 23)
English version below
Dès la descente du Vande Bharat, le TGV indien qui m’amène de Jabalpur vers Bhopal, la capitale du Madya Pradesh, j’ai su que je t’aimais. J’ai éprouvé un bien-être instantané en ta présence, j’ai senti mon corps se relâcher après ces semaines de voyage, ces milliers de kilomètres parcourus et j’ai été séduite par ton aura si particulière….
Un jardin, des fleurs, des oiseaux, un lac à perte de vue, un espace sobre, propre, raffiné et surtout un accueil charmant, discret et attentionné, voilà réunis des éléments qui contribuent largement à mon bien-être.
Tu ajoutes à cela des mosquées sublimes, des temples colorés, des édifices sortis des contes des Mille et Une Nuits et là, tu m’achèves, je suis à toi, je me rends, je m’abandonne dans tes bras.
Oh bien sûr, je connais ton passé chimique, j’ai lu beaucoup à propos de ta présence toxique, du nombre de victimes que tu as foudroyées sur place rien qu’à te respirer et là, je m’en fiche. Aujourd’hui en ce moment, je fais confiance au présent.
Bhopal, rien que ton nom fait frémir. Tu fais peur. A tort, oh oui, vraiment.
Tu es belle comme un joyau ciselé serti d’une verdure luxuriante, tu es paisible, du moins par rapport aux normes de cet énorme sub-continent, tu es propre à en créer l’illusion d’être transporté.e ailleurs. Oui, tu es la deuxième ville la plus clean de l’Inde. Si vous pensez que c’est juste un titre dans une liste, et bien, vous vous trompez, c’est visible à l’oeil nu, que dis-je, cela vous frappe de plein fouet, les yeux, les oreilles et les narines.
Et puis, juste quand mon amour devient inconditionnel, l’autre côté de la médaille me gifle en pleine gueule!
Après une traversée épique des vieux quartiers de Bhopal, dans les ruelles frénétiques du Chowk ( le bazar, quoi! ) des carcasses de barbaque pendent à des crochets au-dessus de la tête des chèvres, des moutons et d’espèce de nano vaches qui attendent leur bourreau.
Des gamins grillent les pieds des bovins et l’odeur de poils carbonisés remplit l’air, mêlée à celle du sang et des abats qui jonchent le sol.
Et là, surgit le premier gang qui me saute dessus, qui m’agrippe les jambes et les bras et au milieu de leurs phrases, je reconnais distinctement “mobile, mobile”… Des indiens viennent à ma rescousse et les chassent manu militari.
Je continue à me frayer un chemin dans ces dédales où même poser un pied par terre tient de la performance, je m’attendris à nouveau des sourires, de la gentillesse….
Je me dirige vers un Indian Coffee House, qui devrait, d’après mon ami Google Maps, se trouver à une heure de marche, avec l’espoir de me retrouver en terre connue, sur un sol stable quand une nouvelle bande me retient les jambes et les bras. Et là, de nouveau, malgré la cohue indescriptible, des marchands me sauvent la mise.
Vous allez me demander pourquoi je ne saute pas dans un taxi! C’est simple, quatre roues n’y passent pas, dans ces dédales. Et un rickshaw serait trop longtemps à l’arrêt me mettant dans un position encore plus vulnérable. J’ai de longues jambes et de solides enjambées qui foncent dans la masse, le plus zen possible, tout en continuant à admirer la beauté de cette ville hors du commun.
J’arrive à un des ICH (Indian Coffee Houses), m’installe, reprends mes esprits, savoure un lassi, me souviens de l’objet de ce voyage, me rends compte que j’ai faim, commande un thali veg. absolument délicieux, parle avec les clients, les serveurs, l’assistant manager, prends quelques photos et suis touchée par leur enthousiasme, leur reconnaissance, leur surprise.
Oui, Bhopal, je t’aime moi non plus.
From the descent of the Vande Bharat, the Indian high-speed train taking me from Jabalpur to Bhopal, the capital of Madhya Pradesh, I knew that I loved you. I felt an instant sense of well-being in your presence, my body relaxed after weeks of travel and thousands of kilometers already covered, and I was captivated by your unique aura…
A garden, flowers, birds, a lake as far as the eye can see, a simple, clean, refined space, and above all, a charming, discreet, and attentive welcome—these elements combined greatly contribute to my well-being.
Add to that sublime mosques, colorful temples, buildings straight out of the tales of One Thousand and One Nights, and there you have it—I surrender, I abandon myself in your arms.
Of course, I am aware of your chemical history; I have read a lot about your toxic presence, the number of victims you have struck down simply by breathing you in, and right now, I don’t care. Today, in this moment, I trust the present.
Bhopal, just your name sends shivers. You instill fear. Unjustly, oh yes, truly.
You are beautiful like a finely crafted jewel set in lush greenery, you are peaceful, at least by the standards of this vast subcontinent, and you create the illusion of being transported elsewhere. Yes, you are the second cleanest city in India. If you think it’s just a title on a list, well, you are mistaken; it’s visible to the naked eye, it hits you squarely in the eyes, ears, and nostrils.
And just when my love becomes unconditional, the other side of the coin slaps me in the face!
After an epic journey through the old quarters of Bhopal, in the frenzied alleys of the Chowk (the bazaar, in other words), carcasses of meat hang from hooks above the heads of goats, sheep, and some kind of nano-cows awaiting their execution.
Children grill the feet of the cattle, and the smell of charred hair fills the air, mixed with the scent of blood and offal littering the ground.
And then, the first gang jumps on me, grabbing my legs and arms, and in the midst of their words, I distinctly recognize “mobile, mobile”… Indians come to my rescue and drive them away forcefully.
I continue to navigate through these mazes where even placing a foot on the ground is a performance, once again under the spell of smiles and kindness…
I head towards an Indian Coffee House, which should, according to my friend Google Maps, be an hour’s walk away, hoping to find myself on familiar ground, on stable soil, when a new group holds my legs and arms. And again, despite the indescribable chaos, merchants come to my rescue.
You might wonder why I don’t jump into a taxi! It’s simple, four wheels don’t fit in these mazes. And a rickshaw would be stuck for too long, putting me in an even more vulnerable position. I have long legs and sturdy strides that cut through the crowd, as zen as possible, all while continuing to admire the beauty of this extraordinary city.
I reach one of the ICHs (Indian Coffee Houses), settle in, regain my composure, savour a lassi, remember the purpose of this journey, realize I’m hungry, order a delicious veg thali, talk to the customers, the waiters, the assistant manager, take some photos, and am touched by their enthusiasm, gratitude, and surprise.
Yes, Bhopal, I love you, I love you not.
2 Comments
Nathalie Heintz
Très réaliste car l’Inde, c’est aussi cela!
Kathy Van der Elst
Oui, c’est exact mais franchement c’est la toute première fois que cela m’arrive. En parlant avec Rishi hier soir, il m’a confirmé que des bandes organisées sévissent dans le coin. La police est avertie mais rien ne bouge.Ces gens n’ont rien à perdre et sont prêts à tout. Je les comprends même si je n’approuve pas, bien entendu. Education is the key.