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Happy Children’s Day (Kathy- Delhi- Nov.23)

En Inde, il y a des sujets tabous parmi lesquels en tête de liste, l’alcoolisme, le sexe, l’argent et la pauvreté.

Ainsi, par exemple, à la veille du G20 qui a eu lieu en septembre dernier à New Delhi, la ville s’est fait une beauté et s’est parée de fresques murales, de trottoirs bordés de fleurs, certains axes routiers ont été fermés et des gigantesques bâches ont été installées pour masquer voire carrément raser au bulldozer les bidonvilles que le pouvoir veut cacher. 

« Au nom de l’embellissement, les vies des pauvres de Delhi sont détruites », a dénoncé Abdul Shakeel, un activiste impliqué dans la défense des populations marginalisées. Et les sans-abri ont été chassés des ponts routiers sous lesquels ils trouvaient refuge. Dans la zone du sommet, certains vendeurs ambulants ont été priés de plier bagage par la police, les privant de leur gagne-pain quotidien.

Déjà en 2009, New Delhi faisait la chasse aux pauvres en tant que ville hôte des Jeux du Commonwealth en 2010. Et ce, au prix d’un autre drame humain pour les 3 millions d’habitants des bidonvilles de l’époque.

Un post à propos des bidonvilles en général me semble important. Mais aujourd’hui, c’est la fête des enfants. 

Des familles entières débarquent dans la capitale pour y chercher l’Eldorado et se retrouvent à la rue, sans rien, sans toit, sans nourriture souvent, et sans scolarité pour des centaines de milliers d’enfants.

Il faut savoir que si de nombreux parents des bidonvilles sont complètement analphabètes, d’autres ont joui d’une éducation universitaire.

Ce matin, Sonika Chhabra fondatrice de l’ONG Rooh Foundation (http://roohfoundation.com), m’a conviée dans “sa classe”.

Elle assure avec quatre enseignants, la scolarité de 80 gamin.e.s âgés de 5 à 17 ans. 

Ces enfants vivent dans les bidonvilles au bord du parc Arun Jaitley et n’ont aucune autre chance d’apprendre à écrire, à lire, à compter, à découvrir l’histoire et la géographie, à avoir un métier et un toit, un jour. 

Ces profs leur donnent cours sur une bâche dans le parc, 6 jours sur 7 de 8h30’ à 12h30’, qu’il pleuve ou qu’il vente.

Kajal et Sachin me confient qu’ils font cela pour donner une chance à ces enfants d’avoir une belle vie ou du moins une vie meilleure. 

C’est un travail chargé de sens pour ces deux jeunes profs.

Kajal a 25 ans. Elle est née à Delhi et est issue d’une famille de trois enfants. Elle a un Master en sciences Educatives et enseigne là depuis 8 mois. Elle en retire du savoir et de l’expérience pour la suite. Mais quand je la questionne sur ses sentiments, c’est difficile. Elle préfère ne pas en parler.

Sachin a 21 ans et est en seconde année de Business and Management à l’université de Delhi. Il veut devenir CEO. Trois majuscules magiques qui font rêver beaucoup de jeunes indiens. Il est né dans le Uttar Pradesh (Etat abritant e.a. Agra et Varanasi, pour vous situer) et sa famille a déménagé à Delhi pour offrir à ses deux enfants une scolarité de qualité. Il est heureux de jouir du respect de cette ONG dans laquelle il est engagé depuis un an. Cela le rend aussi financièrement indépendant, me dit-il. Mais il souhaite taire son salaire. Argent tabou.

Il y a deux autre profs qui sont actuellement absents pour être auprès des leurs à l’occasion de Diwali.

Je tiens maintenant à mettre les 65 enfants présents ce matin à l’honneur.

Ils apprennent avec une énergie vitale inouïe, les uns les maths, les autres à lire et à écrire. Ils sont enthousiastes et me montrent leurs cahiers avec fierté ou avec timidité. Mais leurs regards, eux, sont droits dans nos yeux, droits dans nos coeurs.

Ils chantent pour moi, me posent des questions, me font part de leur savoir et plus tard, alors que je me promène dans ce parc immense de 16 hectares, me saluent joyeusement.

A l’occasion de la Journée des enfants, ils et elles reçoivent chacun.e une belle grande boîte de délicieux desserts que l’un d’entre eux ouvre pour venir partager avec moi. N’avoir rien et tout donner.

Un passant nous rejoint et vient offrir une barre chocolatée à chaque écolier. 

Une petite anecdote rigolote: le dimanche les écoliers reçoivent à manger. Des thalis du sud de l’Inde (grand plateau avec plein de petits plats variés et délicieux) mais aussi des pizzas et des hamburgers des chaînes de fast food car jamais ils ne pourraient s’offrir cela et c’est pour leur faire connaître!

Un autre détail important: il apprennent aussi à jouer au cricket, au foot, à pratiquer le yoga et la méditation pour cultiver leur corps, leur mental et leur âme. Cela s’appelle une riche approche holistique cela, non?

Un petit mot sur l’origine de cette journée spéciale.

“Les enfants sont comme des bourgeons dans un jardin et doivent être soigneusement et affectueusement chéris, car ils représentent l’avenir de la nation et les citoyens de demain.”

Ces paroles étaient celles du Premier Premier ministre, Pt. Jawaharlal Nehru, dont l’anniversaire tombait le 14 novembre.

Pour commémorer son amour pour les enfants et sa conviction que l’éducation appropriée des enfants conduit au progrès du pays, on a fait de cette date La Journée des Enfants.

Bien que ce soit une journée de célébration et de joie, elle sert également de rappel pour souligner l’importance de protéger et de nourrir l’innocence et le potentiel de chaque enfant, pour veiller à son bien-être, pour garantir ses droits en lui fournissant un environnement sain et favorable pour grandir et s’épanouir.

C’est un de mes voeux les plus chers pour Viru, Rishi, Ram Prashad, Sandhya, Shivani, Arjun, Abhi, Raja, Bunty, Sumit, Ankita, Ankush, Piyush, Pooja, Deepan, Vartika, Raees, Sachin, Sanskar, Poonam, Bajanti, Laxmi, Raeshma, Aashiq, Aniket, Mithum, Sangam, Riya, Dipangali, Preeti, Juli, Jay Devi, Karan, Yuvaan, Ravi, Jyoti, Anjali, Soniya, Rishab, Jay Prakash, Ruby, Ruksar, Vidya, Yuvraj, Shivansh, Sonakshi, Khushi, Sakshi, Siddarth, Srishti, Kajal, Faizaan, Shehbaaz, Afnaan, Sahil, Sneha, Riya, Yash, Lucky, Sourav, Abhijit, Shivam et Vinay.

Merci, ce fut une journée magnifique gravée dans mon coeur à jamais.

In India, there are taboo subjects, with alcoholism, sex, money, and poverty topping the list.

For instance, on the eve of the G20 summit held last September in New Delhi, the city underwent a transformation with murals, flower-lined sidewalks, road closures, and massive banners installed to conceal or even bulldoze the slums that the authorities wanted to hide.

“In the name of beautification, the lives of Delhi’s poor are destroyed,” denounced Abdul Shakeel, an activist involved in defending marginalized populations. Homeless individuals were also driven away from the bridges where they usually sought refuge. In the summit area, some street vendors were asked by the police to pack up, depriving them of their daily income.

Back in 2009, New Delhi targeted the poor as the host city for the 2010 Commonwealth Games, resulting in another human tragedy for the three million slum dwellers of that time.

A post about slums, in general, seems important, but today is Children’s Day.

Whole families descend upon the capital in search of a better life and end up on the streets without anything—no shelter, often no food, and no education for hundreds of thousands of children.

It’s worth noting that while many parents in the slums are completely illiterate, others have enjoyed university education.

This morning, Sonika Chhabra, founder of the Rooh Foundation (http://roohfoundation.com), invited me to “her class.”

Along with four teachers, she provides education to 80 children aged 5 to 17. These children live in the slums near Arun Jaitley Park and have no other chance to learn to write, read, count, discover history and geography, have a profession, and a roof over their heads one day.

These teachers conduct classes on a tarp in the park, six days a week from 8:30 am to 12:30 pm, regardless of the weather.

Kajal and Sachin confide in me that they do this to give these children a chance to have a good life or at least a better life.

It’s a meaningful job for these two young teachers.

Kajal is 25 years old, born in Delhi, from a family of three children. She has a Master’s in Educational Sciences and has been teaching there for 8 months. She gains knowledge and experience for the future. But when I ask her about her feelings, it’s difficult. She prefers not to talk about it.

Sachin is 21 years old and is in the second year of Business and Management at the University of Delhi. He wants to become a CEO—a dream that captivates many young Indians. He was born in Uttar Pradesh (a state that includes Agra and Varanasi, for reference), and his family moved to Delhi to provide quality education to their two children. He is happy to have the respect of the NGO where he has been involved for a year. This also makes him financially independent, he tells me. But he wishes to keep his salary private. Money is a taboo subject.

There are two other teachers currently absent to be with their families for Diwali.

I now want to honor the 65 children present this morning.

They learn with incredible vitality, some math, others to read and write. They are enthusiastic and show me their notebooks with pride or shyness. But their gazes are straight into our eyes, straight into our hearts.

They sing for me, ask me questions, share their knowledge, and later, as I walk in this vast 40-acres park, greet me joyfully.

On Children’s Day, each of them receives a beautiful large box of delicious sweets, which one of them opens to share with me. Having nothing and giving everything.

A passerby joins us and offers a chocolate bar to each pupil.

A funny anecdote: on Sundays, the students receive food. Thalis from South India (a large tray with many small and delicious dishes) but also pizzas and burgers from fast-food chains because they could never afford it, and it’s to make them aware!

Another important detail: they also learn to play cricket, football, practice yoga, and meditation to cultivate their bodies, minds, and souls. That’s called a rich holistic approach, isn’t it?

A brief note on the origin of this special day.

“Children are like buds in a garden and should be carefully and lovingly nurtured, as they represent the future of the nation and the citizens of tomorrow.”

These words were those of the First Prime Minister, Pt. Jawaharlal Nehru, whose birthday fell on November 14.

To commemorate his love for children and his belief that the proper education of children leads to the progress of the country, this date was made Children’s Day.

Although it is a day of celebration and joy, it also serves as a reminder to emphasize the importance of protecting and nurturing the innocence and potential of each child, ensuring their well-being, and providing a healthy and supportive environment for them to grow and flourish.

It’s one of my dearest wishes for Viru, Rishi, Ram Prashad, Sandhya, Shivani, Arjun, Abhi, Raja, Bunty, Sumit, Ankita, Ankush, Piyush, Pooja, Deepan, Vartika, Raees, Sachin, Sanskar, Poonam, Bajanti, Laxmi, Raeshma, Aashiq, Aniket, Mithum, Sangam, Riya, Dipangali, Preeti, Juli, Jay Devi, Karan, Yuvaan, Ravi, Jyoti, Anjali, Soniya, Rishab, Jay Prakash, Ruby, Ruksar, Vidya, Yuvraj, Shivansh, Sonakshi, Khushi, Sakshi, Siddarth, Srishti, Kajal, Faizaan, Shehbaaz, Afnaan, Sahil, Sneha, Riya, Yash, Lucky, Sourav, Abhijit, Shivam, and Vinay.

Thank you, it was a beautiful day engraved in my heart forever.

6 Comments

  • Nathalie Heintz

    Tu as le don de te trouver au bon endroit, au bon moment, Kathy! Aurais-tu un espion (de charme, s’entend) sur le sous continent? Ou bien c’est l’inspiration pure qui guide tes pas?
    Merci pour ces enfants d’avoir nommé chacun d’entre eux, leur donnant ainsi la petite importance à laquelle chacun a droit.
    Puissent-ils forcer leur destin !

    • Kathy Van der Elst

      Bonjour Nathalie. Oui, il doit y avoir une bonne étoile qui me guide.En fait, Sonika m’avait invitée pour Diwali, alors que j’admirais les décorations devant son petit immeuble dans Greater Kailash et de fil en aiguille, elle m’a parlé de cette petite école, m’a donné rdv hier et voilà! J’ai été inspirée pour en écrire un post et faire des centaines de portraits (voir sur Insta et FB) mais surtout pour passer une belle partie de la journée avec les gamin.e.s. C’était merveilleux! Belle et Nice journée ;))

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